Pour Noël, la police met en garde contre un regain du phénomène qui, depuis trois semaines, alimente la rumeur et joue à nous faire peur.
Victimes du réchauffement climatique qui les empêche de faire glisser leurs traîneaux dans la neige, errants dans les abris de bus ou aux abords des Pôle-emploi, les pères Noël se déchaînent depuis trois semaines en France et le ministère de l’Intérieur redoute Noël, jeudi prochain. Un porte-parole de la police nationale relativise toutefois «ce phénomène de mode sporadique et ponctuel qui est déjà en train de baisser». Un commissaire conseille donc aux médias de ne «pas relancer la machine à rumeurs, donner des idées à d’autres pères Noël, et nous obliger à poster des CRS partout sous la pression, on ne veut pas remettre une pièce dans le juke-box».
Mais dans l’Hérault, où plusieurs pères Noël manifestant ont déjà sévi, le maire de Vendargues (6 000 habitants) vient d’interdire «à tout individu ou groupe de personnes âgées de 13 ans ou plus de circuler en Père Noël dans les rues et espaces publics» pour Noël, les 24 et 25 décembre. Il s’agit de «protéger les enfants en empêchant des Pères Noël en colère de se mélanger aux habitants» et «d’éviter toute confusion et perturbation éventuelles» de la cérémonie officielle.
« Plein les grelots du réchauffement climatique »
La première apparition d’un «Père Noël en colère», selon la terminologie policière, remonte au 13 décembre à Périgueux où un jeune de 17 ans, ayant perdu ses rennes et son traîneau, a poursuivi un 4X4 à bicyclette. Il a expliqué qu’il avait «voulu dénoncer ces voitures qui réchauffent le climat». Puis, dans le Nord-Pas-de-Calais, plusieurs cas ont été signalés et trois plaintes enregistrées. Le préfet a dû dénoncer ces agissements sur Facebook, et la police lancer un avertissement sur Twitter le 16 décembre pour enrayer le phénomène : «Les Pères Noël qui prennent en otage les consommateurs en faisant grève durant les fêtes ne sont pas les bienvenus devant les centres commerciaux.»
Arrêté ce jour-là, un père Noël de 54 ans qui terrorisait des enfants avec une banderole « sauvons la banquise pas les banquiers » à Douvrin (Pas-de-Calais), sera condamné à six mois de prison avec sursis et 105 jours de travaux d’intérêt général par le tribunal de Béthune. Deux pères Noël de 72 ans, arrêtés dans le Nord avec des petites cloches bruyantes ont dit en garde à vue qu’ils «en avaient plein les grelots du réchauffement climatique».
Pères Noël sur la voie publique
En réaction à la multiplication de ces pères Noël menaçants, la police a publié le 17 décembre un nouvel avertissement sur les réseaux sociaux, rappelant que «la concentration de pères Noël sur la voie publique est un délit passible d’une peine d’emprisonnement». Dans l’Hérault, où six plaintes ont été déposées, le tribunal de Montpellier a puni sévèrement un père Noël sans emploi et affublé d’une barbe pelée ayant scandé « si tu perds la banquise, tu perds Noël à un petit garçon de 7 ans, qui a «eu la peur de (sa) vie». Son agresseur, qui a reconnu avoir voulu sensibiliser les plus jeunes au réchauffement climatique, a été condamné à douze mois de prison dont quatre ferme lundi.
Les Pères Noël en colère font la une du Télégramme de Brest en Bretagne et du Courrier Picard dans la Somme. A Chelles (Seine-et-Marne) lundi, deux pères Noël munis de vélos ont tenté de distribuer des cadeaux alors même qu'ils venaient de s'inscrire au pôle-emploi. AlternaTV a diffusé une série de reportages montrant plusieurs manifestations de pères Noël (http://goo.gl/TukoeF). Les policiers et gendarmes craignent également ces «miliciens anti-pères Noël». Même si le «phénomène est en phase descendante», en raison du lancement d'un financement participatif destiné à mobiliser contre les effets du réchauffement climatique, les pères Noël n'excluent pas d'organiser d'autres manifestations.
Ils ont toutefois appelé à donner un #coup2pouce pour le climat sur le site https://alternatiba.eu/crowdfunding, estimant que si chacun s'y met, le climat peut-être sauvé et leurs emplois avec. Déboussolés entre pôle Nord et pôle-emploi, certains pères Noël ont enfin regretté d'être obligés d'avoir recours à des manifestations de colère ou à des hoax dans la presse pour parvenir à sauver le climat de la planète.